samedi 16 février 2008

[AMIGA] L'histoire de MorphOS et du Pegasos

L'histoire de MorphOS et du Pegasos jusqu'à nos jours.





Présentation.
MorphOS est un nouveau système d'exploitation pour les micro-processeurs PowerPC Risc. Il fonctionne sur le Pegasos et sur les cartes PowerUP pour Amiga (CyberstomPPC et BlizzardPPC). Il a été testé avec succès sur les cartes Teron CX et Teron PX de Mai Logic (les mêmes cartes que l'AmigaOne en fait ^o^).
Phase5 était l'entreprise allemande à l'origine des cartes Blizzard, très réputées sur Amiga, mais aussi des cartes PowerUP Blizzard et Cyberstorm. bPlan est la nouvelle entreprise née des cendres de Phase5 et qui reprend le projet MorphOS. Cette compagnie comprend également d'anciens ingénieurs de chez Phase 5 dont Gerald Carda (ici en haut à gauche, avec la jolie chemise orange) et Ralph 'Laire' Schmidt (ici à gauche aussi, habillé à la men in black).
Genesi est une nouvelle entité créé après la mise en faillite de Thendic France (qui était une filiale française de Pretory, compagnie américaine de sécurité dans le transport aérien, qui a eu de graves soucis avec Air France, un reportage de 45 minutes leur avait même été consacré sur Canal+ en 2005). Genesi a un accord de distribution des Pegasos avec bPlan et était même le distributeur officiel.On y retrouve quelques noms connus, comme Bill Buck et Raquel Velasco (qui avaient essayés de racheter l'Amiga à Escom en 1996 via Viscorp, mais sans succès et que vous pouvez admirer en tenue de bal plus bas dans ce billet). Petro Tyschtschenko (ici à droite) avait également fait parti de l'aventure à l'époque de Thendic (bien connu dans le monde Amiga est-rhinois et des premiers lecteurs de Boing Attack aussi ^.^).

La conception de MorphOS débute en 1995 avec pour idée de faire migrer l'Amiga vers les PowerPC, et éventuellement le méta"morph"osé en un nouveau système d'exploitation qui inclurait une compatibilité avec les applications Amiga. Cela a quelque peu changé entre temps, il est devenu un OS moderne qui possède une compatibilité avec les applications existantes via le principe des boîtes d'émulation (les fameuses Sandbox à la MacOSX jusqu'à la version 10.3 qui permettait de lancer les applications MacOS 9 sans soucis).




Le commencement.

C'est en 1995 que la possibilité du passage au PowerPC pour l'Amiga se profile. Avec l'accord d'Amiga Technologies, Phase5 commence le développement de cette migration des processeurs 680x0 Motorola vers le PowerPC. C'est ainsi que commence la genèse de MorphOS. Malheureusement, la banqueroute de la filiale mère d'Amiga Technologies, Escom, met fin à l'accord.
Toutefois, le projet continue chez Phase5 qui poursuit le développement de cette migration. Ceci aboutit en 1997 au lancement des cartes PowerUP à base de processeur 603e et 604e Risc et de 680x0. Les anciens logiciels Amiga fonctionnent toujours grâce au processeur 680x0 de la carte accélératrice, et certaines fonctions et applications peuvent se servir du PPC et des bibliothèques natives PPC.
Le but de l'équipe de développement change alors, ils ne veulent plus faire une amélioration de l'OS comme le sera l'AmigaOS 3.5 ou le 3.9, mais ils veulent faire un nouvel OS avec une compatibilité "Amiga" à travers la "A-Box". En 1999, le microkernel pour cet OS est déjà fonctionnel, ce qui permet alors d'envisager l'intégration de la boîte d'émulation Amiga. Ceci va être la base de la construction du nouvel OS.
Cette idée est similaire à celle d'Apple pour MacOS X/MacOS 9, et représente, selon Ralph Schmidt, la seule stratégie possible. Entre 1995 et 1999, les idées ont changé, mais le projet reste toujours le même, faire un nouvel OS, avec le feeling et les facilités de l'AmigaOS.
Cependant Phase5 fait faillite en Février 2000, ceci malgré différentes tentatives d'accord avec quelques compagnies. Toutefois, une nouvelle entreprise du nom de bPlan est constituée (avec une bonne partie des membres de Phase5) et le projet est relancé. Désormais, il s'agit de faire un nouvel OS à part entière, sans aucun morceau du code source de l'AmigaOS original.
En 2000, la première beta-public de MorphOS est mise à disposition pour les possesseurs d'Amiga équipé de carte PowerUP. Deux autres versions beta sortent ensuite, la 0.2 et la 0.4. C'est en 2002 que la version 1.0 de MorphOS est présentée au public pour la première fois. Cette version est réservée au Pegasos. Mais la version 1.4.5 sera aussi disponible, et gratuitement, aux possesseurs de cartes PowerUP en Août 2005.
Avant d'arriver à la version 1.0 de MorphOS, des accords entre bPlan et Amiga Inc. avaient failli être signés, ce qui aurait alors fait de MorphOS le nouvel AmigaOS officiel, et le Pegasos serait devenu le nouvel Amiga officiel. Mais des tensions entre les différents acteurs ont rendu cela impossible. Cela a alors donné jour à la division que l'on connaît actuellement, avec d'un côté le Pegasos/MorphOS qui est un projet mûrement réfléchi et de l'autre, le projet AmigaOne/AmigaOS4.0 qui a été créé pour concurrencer le premier... Dommage. Toutefois, bPlan a signé un accord avec Amiga Inc. pour que le portage de l'AmigaDE (ou AmigaAnywhere) soit fait sur le Pegasos. Mais comme rien n'a encore été fait en Décembre 2002, Genesi à entreprend un procès à l'encontre d'Amiga Inc. pour non respect de contrat et le gagnera... sans que cela ne change grand chose.

Le développement de MorphOS représente 12 ans d'efforts pour passer d'un système 68k à un système cent pour cent PowerPC, et tout ceci n'est toujours pas fini. En effet, la version 1.4.5 est sortie en Avril 2005, quelques mises à jour sont apparues par la suite (notamment la sortie des bibliothèques 3D compatibles OpenGL). Ambient, le bureau de MorphOS évolue rapidement et ses évolutions sont visibles puisque ceux possédant le SDK de MorphOS peuvent compiler une version récente quand ils le veulent.

La version 2.0 de MorphOS se fait attendre depuis Avril 2005 donc mais promet de nous réserver des changements pour le moins intéressant avec l'intégration de la 3D dans l'interface graphique (layers 3D), ajout d'une pile TCP/IP, et plein d'autres bonnes choses. Bref, on attend depuis un moment et on espère que cette attente ne sera vaine.


Le Pegasos.

La carte-mère de cette machine a été intégralement conçue par bPlan, avec toutefois le northbridge Articia S de Mai. Présentée la première fois à Cologne 2001 en version ATX, avec les premiers prototypes micro-ATX à côtés, cette machine va attendre Juin 2002 pour voir sa production rentrer dans une phase de plus en plus importante. C'est en Août que la phase de BetaTester I commence et permet à n'importe qui de l'acheter à certaines conditions (envoyer des rapports de bugs deux fois par semaine, signé un contrat de non-divulgation...).
C'est également le moment que choisit Thendic pour faire de nombreuses apparitions dans le monde Amiga, notamment à la Slach 4 (à Bordeaux en Août), où LorD repart avec un Pegasos gratuit sous le bras, Pegasos qu'il aura gagné à un concours de dessin. Ensuite, ils sont présents à l'Alchimie II et à l'A-Expo organisés conjointement à Tain l'Hermitage en Septembre. On y trouve alors une dizaine de Pegasos en libre essai, avec présentation sur écran géant de la bête. On retrouve ensuite un représentant de Thendic à la LamersParty (organisé par votre serviteur) en Octobre, pour une présentation de plus d'une heure de la machine et de l'OS. Thendic parcourt ensuite toute l'Europe, puisqu'on les retrouve aussi en Belgique, en Pologne, en Norvège... et en Angleterre pour le World of Amiga d'Octobre.
Malheureusement pour bPlan, ils découvrent des bugs à l'intérieur du northbridge ArticiaS qui empêchent l'utilisation au mieux de la machine. Gerald Carda (ingénieur et chef du développement du Pegasos) part alors aux USA chez Mai en Novembre pour essayer de corriger ces bugs. Une seule solution semble envisageable, un correctif matériel qui sera alors nommé April (car sans April, pas de Mai ^o^).
Genesi et bPlan se retrouvent alors à Aachen en Allemagne en Décembre, avec une trentaine de machines en libre essai (toutes équipées des correctifs April), pour le lancement officiel de la production des Pegasos I April. Une présentation sur écran géant est à nouveau faite. Avec le lancement de la production, une nouvelle phase de BetaTester est annoncée, la BetaTester II, qui est moins contraignante que la phase I car sans aucune obligation, et elle donne la possibilité d'acheter sa machine directement à un revendeur sans passer par Thendic/Genesi. La tournée de Genesi continue avec une participation au salon informatique et électronique de Las Vegas en Janvier 2003.
Cependant, de nouveaux bugs sont découverts dans l'ArticiaS qui obligent à faire un nouveau patch correctif qui remplace l'April, l'April II. Toute la nouvelle production qui a alors lieu en Mars 2003 en est équipée. De plus, la possibilité de passer au G4 sur son Pegasos semble fortement compromis, suite aux nombreux bugs de l'ArticiaS qui apparaissent avec la hausse de la fréquence du CPU. Pour finir, on apprend à cette même période que Mai ne veut plus fournir son chipset ArticiaS car ils reconnaissent enfin que ce dernier est buggué et ils ne peuvent vendre un produit buggué. Malgré cela, Genesi arrive à acheter les 400 derniers northbridges de Mai qui seront patchés grâce à l'April II.
Genesi signe des contrats pour des développements de machines à base de Pegasos, dont un STB (Set Top Box, machine pour surfer sur le net et qui se branche sur une TV), un décodeur TNT (pour la télévision numérique avec une première production de 125.OOO unités), sans oublier le Psylent (serveur domestique silencieux) et l'Eclipsis (version de poche du Pegasos). Aucune de ces machines ne verra le jour à ma connaissance...
En Mars, la production du Pegasos reprend dans une ambiance un peu tendue, car se sont les derniers Pegasos sous cette forme, et il faudra désormais attendre jusqu'à Septembre pour voir les nouveaux Pegasos, nommés Pegasos II, qui auront un nouveau northbridge (un Marvell II) et de nouvelles caractéristiques dont trois ports ethernet gigabit, de la DDRam et du G4. De plus, une offre de passage du Pegasos I au Pegasos II est proposée pour 200 euro HT. Les 400 derniers Pegasos I, et bien April II, sont donc produits et envoyés aux revendeurs fin Mars.
Genesi est encore présent fin Mars, juste après le CeBIT, à l'Equinoxe Partie qui a lieu à la Cité des Sciences de la Villette à Paris, et permet au groupe MadWizard ainsi qu'à Crisot de remporter une carte-mère Pegasos I April II avec CPU pour leurs prestations respectives.
Mi-avril, une nouvelle annonce nous apprend que le module G4 sera disponible début Juillet pour le Pegasos I. Il s'agira du même module que pour le Pegasos II. On pourra donc garder son module G4 pour le Pegasos II.
Genesi enchaîne les salons et est également présent au CeBIT Australien qui se déroule le 6 et 8 mai à Sidney. Dernière nouvelle fracassante, Bill Buck révèle les prix du Pegasos II et les dates de disponibilité des cartes mères et des processeurs G4 pour le Pegasos I. L'upgrade du Pegasos I au Pegasos II (tout en changeant de processeur) est fixé à 200 euro HT (soit 240 euro de chez nous, en comptant la TVA). Le Pegasos II sera disponible en deux versions, soit G3 à 299 euro HT (ou 358 euro en France), soit G4 à 499 euro (ou 597 euro, toujours en France). Ce nouvel ordinateur semble axé plus grand public que le Pegasos I puisqu'il sera fourni avec Morphos (logique), Linux (normal aussi), un T-Shirt (pour faire un pied de nez à Amiga Inc. ?, comprenne qui pourra) et un pack de logiciels. Bref, le nouveau Pegasos semble se parer de ses plus beaux atours pour convoiter les nouveaux venus, mais ce n'est pas fini pour le Pegasos I.
En effet, il sera possible d'upgrader son Pegasos I en lui donnant un G4, et cela dès juillet. Mais finalement, cette posssibilité sera simplement annulée faute aux nombreux soucis rencontrés avec les prototypes.

Le Pegasos II prévu pour Septembre n'arrivera finalement qu'à la fin de l'année et les premiers possesseurs devront renvoyer leur carte-mère suite à un problème de firmware qui empêche tout simplement la machine de démarrer si vous faites une fausse manoeuvre. Finalement, le Pegasos II se trouve assez facilement à partir du début de l'année 2004 auprès des revendeurs spécialisés (APS pour la France notamment, Relec pour la Suisse, Vesalia pour l'Allemagne, etc.). La production est en dent de scie tout au cours de la période 2004-2006, et on (enfin je) suspecte des soucis financiers du côté de Genesi même si ces derniers signe des accords avec Freescale (anciennement Motorola).
Pour preuve, les mises à jours Pegasos I vers Pegasos II précédemment proposées ne seront honorées que très tardivement en France (pour les autres pays, on n'en sait pas grand chose), jetant le doute une fois de plus sur les capacités financières de Genesi et sur les dires de BBRV. Cependant, bien que s'opérant finalement en Juillet 2005 (un an et demi après la sortie effective du Pegasos II), Genesi offrira la possibilité à ceux voulant faire cette mise à jour de conserver leur Pegasos I pour 100 Euros de plus, c'est à dire qu'ils ont eu droit à une carte-mère Pegasos II avec processeur G4 pour 300 Euros, geste qui faut saluer, même s'il fut tardif. Fin 2006, le Pegasos n'est plus produit, faute aux nouvelles directives européennes ROHS notamment, et puis la machine commençait également à accuser son âge du point de vue technologique.

bPlan n'a cependant pas chômé pendant ces années et a conçu une nouvelle carte-mère "miniature" à base de processeur MPC5200B de Freescale, un dérivé des processeurs 603e (qu'on peut aussi appeler G2...). C'est un retour en arrière niveau puissance mais avec un prix réduit de 200 $ voire 99 $ courant 2007. De plus, la MorphOS Team annonce, conjointement à Genesi, que son OS dans sa version 2.0 tournera sur l'Efika. Finalement, un an plus tard, la production de l'Efika "I" est arrêtée et une carte Efika II est annoncée. Cette dernière n'est toujours pas disponible à la vente mais devrait toutefois embarquée cette fois-ci un dérivé du G4 et avoir l'Altivec. Genesi annonce même une version de l'Efika II à 1,4 GHz... il ne reste plus qu'à attendre, comme d'habitude.


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/me vous a raconté la suite de l'Histoire de l'Amiga, qui s'écrit encore aujourd'hui.


Billet posté le 16 Février 2008

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