jeudi 14 juin 2012

[LIVRE] En selle avec Michel


Après avoir terminé le livre sur Gunpei Yokoi, et avant de m'atteler à "La Bible Amiga", je me suis jeté dans la biographie de Michel Ancel parue, une fois n'est pas coutume, aux Éditions Pix'n Love et justement intitulée "Michel Ancel : Biographie d'un créateur de jeux vidéo français". Commandée il y a quelques semaines/mois, j'essaye petit à petit de faire diminuer ma pile de livres/jeux/films mais je crois que la tache sera plus difficile qu'escomptée, mais je compte tenir bon !

Daniel Ichbiah et Sébastien Mirc, des habitués des publications chez Pix'n Love (le premier est notamment l'auteur de "La saga des jeux vidéo" et le second touche à quasiment tout ce qui paraît chez Pix puisqu'il en est le co-fondateur) sont à l'écriture sur ce livre qui s'apparente plus, je vais être direct, à un publi-reportage qu'à une vrai biographie. Je pense que l'on peut mettre cette fâcheuse tendance sur le fait que le sieur Ancel est encore vivant et que cela freine sans doute le biographe éclairé. Contrairement à celle de Gunpei, je l'ai trouvé très consensuelle, très gentille et justifiant un peu trop tout ce qu'a pu faire Michel Ancel, même les actes "limites" commis durant son enfance et qui "l'ont forgé"... un peu facile.

À côté de ça, on y apprend tout de même des choses très intéressantes, notamment tout ce qui est le lancement d'UbiSoft et sa mise en marche à grands coups d'idées farfelues : réunir les jeunes recrues dans un château en Bretagne pour leur donner une autre vie que celles des barres HLM ou des villes dans lesquelles ils vivaient avant d'être engagés par UbiSoft, mais aussi pour les avoir aussi 24/7 sous la main et fédérer l'esprit de groupe. C'est aussi l'occasion de comprendre le développement des jeux faits dans un appartement (et non dans un garage comme le veut la légende urbaine ^^) et les liens qui peuvent se tisser entre un développeur et un graphiste, les deux seuls personnes sur le développement d'un jeu à la fin des années 80 et au début des années 90. Ce livre revient aussi sur les divers moments de la vie de Michel, ses femmes, ses enfants et ses "je t'aime moi non plus" avec UbiSoft qu'il va quitter deux fois, voire trois, mais chez qui il retournera à chaque fois. Autres passages intéressants, les rencontres entre Michel et ses divers collaborateurs sans qui les jeux "made in Ancel" ne seraient ce qu'ils sont. Ce sont ses collaborateurs qui, sous la houlette du chef d'orchestre Ancel bien évidemment, vont donner ses personnages et ses décors féériques à "Rayman", qui vont donner le scénario de "Beyond Good & Evil" (aka BGE), etc. On retiendra également la rencontre avec Christophe Heral qui apportera beaucoup aux environs musicaux des jeux de monsieur Ancel à partir du projet pharaonique, voire titanesque, que sera BGE.

Rempli d'interviews en tout genre, qui font un peu trop l'apologie du biographé, de nombreuses photos et captures d'écran, détaillant le parcours d'un français qui aura marqué le monde du jeu vidéo et attirant même l'attention d'un certain Peter Jackson et d'un autre Stephen Spielberg, ce livre n'en est pas moins intéressant à lire mais me semble trop "Ancel approved" et trop consensuel. J'ai aimé en apprendre sur les développements des jeux et sur l'ambiance qu'il pouvait y avoir (même si l'ambiance lors du développement de Rayman 3 n'est que peu abordé, nous disant seulement que ce n'était pas la joie tous les jours). Je conseille tout de même ce livre à ceux qui veulent en apprendre plus sur le parcours de Michel Ancel, sur cette époque où l'on pouvait développer des jeux avec une poignée de personnes, sur la naissance d'UbiSoft ou bien encore sur les liens entre Ancel et Jackson. Après, je ne vous cache pas que vous serez sans doute quelques fois un peu irrité de lire des passages que l'on dirait tout droit tirés d'une éloge posthume, sentant de temps à autre la guimauve et l'auto-satisfaction...


--
/me n'a pas plus accroché que ça à cette bio...

Billet posté le 14 juin 2012