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lundi 11 septembre 2017

[AMIGA] Quand l'émulation porte la nuisette !



E-UAE en toute transparence ! 
Dommage que ce ne soit pas une belle blonde.


Les utilisateurs d'AmigaOS 4 ont la chance d'avoir RunInUAE, ce logiciel qui permet de lancer de manière complètement transparente les ADFs et autres ISOs CD32 dans UAE. Il suffit de double-cliquer sur les ADFs ou de les balancer nonchalamment sur l'icone RunInUAE de votre AmiDock pour voir vos jeux s'exécuter dans UAE. Quant aux jeux CD32, on choisit dans le menu de RunInUAE de booter la CD32 sur une ISO (que vous avez préalablement montée) ou sur un CD. Simple comme un enfant qui vient de mettre sa main dans le feu, ou quelque chose du genre !
Mais voilà, sous MorphOS, on n'a pas RunInUAE... mais on a Fab1, Serge et Daff mais aussi Jambalah et un tout petit peu moi ^^


Les ADFs, WHDLoad et autres exécutables 68k

Dans les archives d'E-UAE MorphOS, dans les versions que l'on doit à Fabien "Fab1" Coeurjoly, l'on retrouve à chaque fois des applications dans le tiroir "Amiga" ainsi que des scripts dans le répertoire "Bonus" et ce, depuis 2006 soit quelques années avant la sortie de RunInUAE. Ce que je vais vous dire n'est par conséquent pas nouveau et un très bon tutoriel est disponible sur Obligement, complété par celui de Paolo "Jambalah" Russo (uniquement disponible au format PDF et seulement en anglais pour le moment).

Pour résumer ces tutoriels, mais surtout pour ne pas réinventer l'eau froide qui coupe le beurre, il s'agit d'indiquer à Ambient via les préférences de ses types mimes que les applications 68k et autres ADFs pourront se lancer via E-UAE tout en permettant à ce dernier de faire le lien entre Ambient et le Workbench émulé via des petites applis que vous devrez copier dans votre Workbench émulé. Mais pour tout cela, je vous invite à aller lire le tutoriel d'Obligement. De son côté, Jambalah a quant à lui poussé cette intégration à son paroxysme. Ainsi, il vous explique comment faire un Workbench vraiment minimaliste pour pouvoir lancer de manière quasi-instantanée les jeux WHDLoad. Et il ajoute une petite cerise sur ce cheese-cake et vous détaille comment le faire de manière encore plus intégrée et automatique en utilisant iGame ! De cette façon, vous vous retrouvez avec un logiciel vous affichant l'ensemble de vos jeux WHDLoad, mais pas uniquement, que vous pourrez lancer d'un simple double-clic sur le nom du jeu. Royal !

Je ne voulais pas l'écrire pour ne pas avoir l'obligation de le faire mais je vais quand même le faire... Je vais voir pour compléter les deux articles disponibles sur Obligement ("Intégrer E-UAE dans Ambient", pour y mettre toutes les astuces de Jambalah plus celle que je vais vous décrire ci-dessous, et "Installation et configuration de E-UAE", pour y ajouter une partie sur le JIT). Voilà, c'est dit, il ne me reste plus qu'à m'y mettre.


Quid de la CD32 ?

Pour ce qui est de la CD32 sous MorphOS, la situation est moins glorieuse. Autant RunInUAE apporte une solution tout-en-un, all-in-one comme disent nos amis anglophones, autant sur MorphOS la console CD de Commodore est délaissée. J'ai alors fait le pari, un peu à cause de Daff d'ailleurs, d'essayer d'intégrer dans Ambient une solution permettant le lancement quasi-transparent des jeux CD32, qu'ils soient au format ISO ou CD et, devinez quoi ?.... J'ai réussi ! J'ai pour cela été aidé par les amis du forum AmigaImpact dont Ball000 que je remercie encore. Pour que cela fonctionne, il va vous falloir les deux roms de la CD32 (la ROM et l'extended ROM, disponibles légalement dans la version Plus d'Amiga Forever). Il vous faudra aussi récupérer trois petits logiciels sur Aminet à savoir GetVolumeName, Sed 68k et IsInserted. Le premier permet d'obtenir le nom de volume de vos ISO, le deuxième permet d'ajouter le nom de volume ainsi récupéré dans votre fichier de configuration CD32, quant au dernier il vérifie s'il y a une ISO montée ou non et suivant le résultat lancera tel ou tel script.
Pour lancer tout ça, on ira modifier les types mimes des ISO (à savoir "x-iso-9660", pour pouvoir monter les ISO facilement) et celui des volumes d'Ambient ("xmorphos-globalaction-device", pour lancer E-UAE en mode CD32 et pour démonter les ISO préalablement montées).


Passons au vif du sujet !

Après vous avoir expliqué rapidement comment on allait procéder, je vais maintenant vous détailler l'ensemble du processus.

Nous allons partir du principe que votre installation E-UAE est d'ores et déjà fonctionnelle, se trouve dans Volume:Répertoire/E-UAE/ et que votre fichier de configuration dédié à la CD32 se nomme cd32.conf et se trouve dans le dossier conf/ de votre tiroir E-UAE. Il vous faudra par conséquent adapter ce que vous allez lire pour que cela corresponde à votre environnement.

Tout d'abord, il va falloir copier les exécutables de GetVolumeName, Sed et IsInserted dans MorphOS:C/. Ensuite, nous allons créer un script que nous allons nommer sobrement "ScriptCD32" et que nous allons glisser directement dans le répertoire d'E-UAE.


Voici le contenu de ce doux script (pour pouvoir faire un copié-collé) :

C:IsInserted ISO0:
IF NOT WARN
     c:GetVolumeName ISO0: short >env:nomvolume
     c:sed68k -e "s/NOMDEVOLUME/$nomvolume/g" Volume:Répertoire/E-UAE/Conf/cd32.conf >ram:cd32.conf
    run >nil: Volume:Répertoire/E-UAE/e-uae -f ram:cd32.conf -0
ELSE
    run >nil: Volume:Répertoire/E-UAE/e-uae -f Volume:Répertoire/E-UAE/conf/cd32.conf -0
ENDIF

Maintenant, nous allons nous assurer que vous avez bien une ligne dédiée aux ISO dans votre fichier cd32.conf. Vous devez par conséquent avoir une ligne qui ressemble à ceci, si ce n'est pas le cas, ajoutez là : filesystem2=ro,CD0:NOMDEVOLUME:ISO0:,1

Il va falloir désormais modifier le type mime des ISO. Pour cela, rendez-vous dans les préférences d'Ambient, MIME, cliquez sur "chercher" et tapez "ISO". Là, vous éditez x-iso-9660 et vous ajoutez une ligne intitulée "Monter l'ISO..." configurée en mode AmigaDOS pour lancer "MOSSYS:S/MountISO %sp". On passe ensuite au type mime des volumes. Idem que précédemment, on cherche "global" dans MIME et on édite xmorphos-globalaction-device. Là, on va ajouter deux lignes : une "Boot CD32" configurée en mode AmigaDOS pour lancer "execute Volume:Répertoire/E-UAE/ScriptCD32" et l'autre, que l'on nomme "Démonter le volume" et que l'on configure en mode AmigaDOS pour lancer "mossys:c/UnMount >nil: %sp".

Maintenant, quand vous voudrez lancer une ISO CD32, il vous faudra au préalable la monter via le menu contextuel puis lancer "Boot CD32" via le menu contextuel sur l'icone de l'ISO montée. Quand vous aurez fini de jouer, pensez à démonter l'ISO pour pouvoir ensuite en monter une nouvelle. Si vous voulez lancer un jeu CD, insérez simplement le CD et lancer "Boot CD32" via le menu contextuel sur le CD. Et voilà !


RunInUAE or MorphOS Bidouilles ? Telle est la question !

Ayant les deux désormais, je peux faire une petite comparaison rapide. Alors même si RunInUAE est très pratique, je n'ai pas réussi à faire fonctionner le lancement des jeux CD32 sans mettre les mains dans le camboui. Par contre, la configuration reste tout de même minimaliste. De plus, Hyperion fournit même les ROMs et des jeux avec AmigaOS 4.1. A l'utilisation, RunInUAE OS4 s'avère aussi simple que nos multiples bidouilles MorphOS. Il permet lui aussi d'utiliser iGame, comme sous MorphOS et pour cela, je vous invite à aller voir le fil de discussion nommé "E-UAE/RunInUAE/iGame" disponible sur le site Amigans.net, même si apparemment vous avez le risque de vous confrontez à un Grim Reaper de temps à autre avec iGame.

Pour ce qui est de nos bidouilles MorphOSiennes, ça prend du temps, c'est long et aussi fastidieux à installer/configuer. Mais, c'est aussi gratifiant une fois que cela fonctionne. J'ai pour ma part hurlé à la lune et couru nu sous cette même lune quand j'ai enfin finalisé mon installation ! Plus sérieusement, on peut regretter l'absence d'un outil identique à RunInUAE sous MorphOS. Toutefois, cela nous apporte la possibilité de faire aussi bien, ce qui est déjà pas mal. On pourrait d'ailleurs imaginer un script d'installation qui irait chercher tous les bons exécutables, les bons chemins et automatiserait la configuration de tout cela pour simplifier la tâche du simple quidam. Sans vouloir vendre la mèche ni faire de la délation, un certain Serge "Sergius" Alves s'était proposé de le faire, il y a de cela quelques années maintenant... ^^

Enfin, niveau compatibilité d'E-UAE avec la CD32, Christopher Handley, le développeur de RunInUAE, annonce 2 jeux CD32 sur 3 fonctionnels. Pour ma part, j'ai un taux de réussite sous MorphOS un peu supérieur mais je n'ai pas non plus testé l'ensemble des jeux CD32.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter bon courage et surtout bons jeux par la suite ! ^^


Liste des liens :

Site de Fab1 : http://fabportnawak.free.fr
Tutoriel sur Obligement : http://obligement.free.fr/articles/integrer_euae_ambient.php
Tutoriel de Jambalah : http://www.meta-morphos.fr/download/Tutoriel/E-UAE%20installation%20on%20MorphOS.pdf
GetVolumeName : http://aminet.net/util/cli/GetVolumeName.lha
Sed 68k : http://aminet.net/dev/gg/sed-4.1.4-bin-m68k.lha
IsInserted : http://aminet.net/util/boot/IsInserted.lha
Fil de discussion concernant iGame et RunInUAE : http://www.amigans.net/modules/xforum/viewtopic.php?post_id=73263



--
/me s'est bien amusé à créer ces petits scripts et autres pour automatiser le tout !




Billet posté le 11 septembre 2017 (écrit le 23 novembre 2016)
(paru initialement dans le n°58 d'Amiga=Power)

mercredi 8 octobre 2014

[AMIGA] CD32, l'Histoire d'une étoile filante




Je ne pouvais pas passer à côté de cet anniversaire incroyable ! En effet, cela fait un an que j'ai mis en ligne mon dernier billet sur ce blog... Joyeux anniversaire !  Et pour fêter dignement cela, je vais faire d'une pierre deux coups en vous offrant la traduction d'un billet de blog plus qu'intéressant dédié à la conception de la CD32 et à son histoire (vous connaissez déjà cette dernière si vous suiviez ce blog l'an dernier) et en vous faisant ainsi découvrir le blog de Yasu, un utilisateur de MorphOS qui partage avec nous de nombreux articles tous plus intéressants les uns que les autres sur mon système d'exploitation préféré.

Merci à Yasu pour ses billets qui transpirent la passion et qui sont toujours intéressant à lire.

http://morphosuser.wordpress.com


J'espère que ce retour ne sera pas éphémère. J'ai bon espoir puisque ma situation, aussi bien du côté familiale et que du côté professionnelle, commence à se tasser, même si la fin d'année devrait encore être folklorique côté travail.

Bonne lecture et à tout bientôt, je l'espère !





Au début de l'année 1991, Commodore avait commencé à vendre le Commodore Dynamic Total Vision (CDTV), un Amiga 500 équipé d'un lecteur CD et qui avait un look de platine CD. Cela devait être l'entrée triomphale de Commodore dans le salon des consommateurs, mais cela fût une catastrophe commerciale.

Premièrement, le produit était très déroutant. Ce n'était pas vraiment un ordinateur, pas vraiment une platine CD, en fait ce n'était pas vraiment... grand chose. Une machine qui, de ce fait, était difficile à vendre. Deuxièmement, il était très onéreux (4990 francs français, soit 1090 EUR de nos jours selon l'INSEE). Troisièmement, il était sous-puissant par rapport aux standards de 1991 (un processeur qui avait déjà quelques années, peu de mémoire et un lecteur CD trop lent pour pouvoir lire correctement des animations, et il lui manquait également la possibilité, pourtant annoncée par Commodore, de pouvoir lire les VideoCD). Quatrièmement, les possesseurs d'Amiga n'avaient que peu d'intérêt à remplacer leur Amiga 500 existant par cette machine, mis à part pour le lecteur CD. Ce dernier, et ce sera le cinquièmement, empêchait d'ailleurs toute possibilité de pirater. La plupart des possesseurs d'Amiga étaient des adolescents qui ne pouvaient tout simplement pas se permettre d'acheter l'intégralité, ou même quelques uns, des jeux ou programmes disponibles sur le marché, et la possibilité de faire des copies avait rendu l'Amiga très populaire.

Cet échec coûteux allait devenir une des principales raisons de la banqueroute de Commodore en 1994. Mais Commodore n'allait pourtant pas abandonné aussi vite. Par la suite, ils développaient l'A570, un lecteur CD pour Amiga 500 qui se branchait sur le port extension de ce dernier (le développement de ce lecteur n'était pas prévu à la base, mais après l'échec du CDTV cette option était devenue évidente pour Commodore).

Cependant, l'A570 n'allait commencé à se vendre qu'au moment où Commodore stoppait la fabrication de l'Amiga 500, qui ne cessait pourtant de très bien se vendre. Après cela, Commodore voulut faire un CDTV à petit prix (CDTV Cost Reduced), mais cela n'a finalement jamais abouti. Basé sur l'Amiga 600, le soi-disant "Amiga 500 à prix réduit" qui était pourtant plus cher que ce dernier, ce CDTV CR n'était finalement guère moins cher que le CDTV. Et comme il n'était pas assez puissant pour lire les VideoCD, il fallait faire un module FMV pour lui permettre de lire ces vidéos.

Mais le manque de réussite rendait Commodore fébrile, ce dernier en perdra même la foi dans l'Amiga. À tel point que Commodore essaya de se tourner vers le marché PC, beaucoup plus lucratif. À la fin de l'année 1991, le département de développement dédié à l'Amiga était fermé, Commodore essayant même de vendre son stock restant pour se concentrer uniquement sur le PC. Mais au bout de six mois, ils réalisèrent que cette idée n'était pas bonne... Commodore n'avait tout simplement pas les ressources pour produire ou vendre assez de machines PC afin de générer assez de profits dans ce marché beaucoup plus féroce. Le département de développement Amiga était finalement réouvert très rapidement, avec pour objectif de renouveler l'intérêt pour un autre Amiga... qui allait être une fois encore dépassé et sous-puissant. Cependant, comme les filiales de Commodore avaient le droit de ne pas acheter les produits proposés par la maison-mère américaine, celles-ci n'achetèrent aucune machine. Ceci fit comprendre à Commodore qu'il leur fallait quelque chose de nouveau, de puissant et de rapide.

Dave Haynie (un développeur Amiga reconnu) avait un prototype de puce graphique Amiga nouvelleAAA (ou Triple A) et ce, dès 1990. Mais son développement avait été abandonné avant que la puce soit terminée. Comme ils avaient besoin de quelque chose rapidement, ils allaient produire une puce "bouche-trou" appelée AA, renommée plus tard AGA. En septembre 1992, Commodore sortait l'Amiga 4000, un Amiga haut de gamme, puis un mois plus tard l'Amiga 1200, sa nouvelle entrée de gamme. Ce dernier se vendait très bien mais rivalisait tout juste avec les PC de l'époque (alors que l'Amiga 500 était quant à lui en avance sur son temps, au niveau prix et performance, au moment de sa sortie en 1987).

Le même mois, un ingénieur nommé Jeff Porter (qui avait déjà travaillé sur l'Amiga 500 et avait vu certains de ses projets annulés précédemment) allait combiné la puce AGA avec le projet annulé de CDTV CR. Cela incluait un port pour y ajouter un module FMV et un port clavier. Il y avait également ajouté la puce Akiko, qui était capable de générer simplement des effets 3D (grâce au chunk-to-pixel ou chunky to planar, utilisé dans des jeux comme Doom). Il l'avait conçu pour ressembler à une Sega Mega-CD et avait écrit "32 bit" en grosses lettres sur le capot. Au début des années 90, avoir le plus de bits possibles était un argument de vente. Baptisé Amiga CD32, elle allait être présentée au CES de juin 1993, puis lors d'une présentation officielle à Londres en juillet pour être finalement vendue dès septembre de cette année 1993 pour un prix de 2490 francs français (soit 520 EUR de nos jours, toujours selon l'INSEE) avec six jeux.

Commodore affirmait alors qu'il s'agissait de la première console CD 32 bits. C'était vrai pour l'Europe, mais Fujitsu avait sorti au Japon la FM Towns Marty, qui était également une console basé sur un lecteur CD et 32 bits, plus tôt cette même année. Le démarrage fût mauvais. La console allait se vendre à environ 100.000 exemplaires durant ses trois premiers mois de commercialisation (NDTrad : ceci est une fourchette haute qui plus est, puisqu'on estime que 150.000 CD32 ont été vendues en tout, dont 80.000 à petit prix pour générer des liquidité), mais elle se vendait plutôt bien en particulier en Angleterre. La CD32 allait même dominer les ventes de CD non musicaux durant ce Noël 1993 avec une part de marché avoisinant les 50%. D'ailleurs les développeurs de jeux Amiga aimaient cette console parce qu'elle permettait de faire des portages facilement et que le piratage sur cette console était impossible (les graveurs de CD abordables financièrement n'arriveraient que bien des années plus tard). Mais Commodore, profondément endetté, ne pouvait produire suffisamment de CD32 (de même pour l'Amiga 1200). D'après Dave Haynie, Commodore aurait pu vendre 250.000 CD32 durant ses trois premiers mois de commercialisation si les stocks avaient été suffisants. En janvier 1994, Commodore annonçait que la CD32 allait sortir aux États-Unis, ce qui semblait plus qu'audacieux puisque Commodore et l'Amiga n'avaient pas vraiment de marché installé sur ce continent et que les relations entre Commodore et les revendeurs y étaient désastreuses, contrairement à Nintendo et Sega qui y régnaient en maître.

Cependant, dès que les machines furent envoyées aux États-Unis, celles-ci furent retenues par les douanes. Plus tôt, Commodore avait perdu un procès concernant un brevet et devait de ce fait s'acquitter d'une amende de 10 millions de dollars. Manquant de liquidité, refusant de payer pour pouvoir payer les autres entreprises qui produisaient des pièces pour ses machines, Commodore luttait pour simplement rester en vie. C'est pour cette raison que le gouvernement américain proclama une interdiction d'importation jusqu'au paiement de Commodore. Étant dans l'incapacité de payer sa dette, le bateau contenant les CD32 retourna aux Philippines. Commodore réalisait alors que ses jours étaient comptés : la valse des licenciements commençait et la majorité des projets était annulée... Ceci dans le seul but de retarder l'inévitable aussi longtemps que possible.

La limite était atteinte en avril 1994 et Commodore se déclarait volontairement en liquidation le 29 avril 1994.

La CD32 était finalement la dernière machine de Commodore. L'usine fabriquant les CD32 aux Philippines appartenant à l'État, ce dernier essaya d'éponger une partie de ses dettes en vendant illégalement des CD32 NTSC pendant plusieurs années. Plus d'une centaine de jeux sortirent sur cette console, même si la majorité ne fûrent que des copies conformes des jeux sortis sur Amiga 1200/500 en version disquette, mis à part pour quelques uns qui se sont tout de même vus adjoindre des voix, des cinématiques ou des musiques. Ils n'ajoutèrent que rarement des nouveautés dans le gameplay en lui-même.

L'histoire a tout de même eu une tournure ironique. En effet, quand Jay Miner développait le prototype de l'Amiga au début des années 1980, il fabriquait alors une console pouvant être étendue afin de devenir un ordinateur complet. Commodore n'avait alors pas voulu être associé à un "simple ordinateur de jeu" même si c'est comme cela qu'ils étaient devenus célèbre et avaient fait fortune (avec le Commodore 64 notamment). Commodore avait alors tout fait pour transformer cette console en ordinateur haut de gamme pour les professionnels. Mais cela ne fût pas une réussite. Et c'est à contrecoeur qu'une version à petit prix de cet ordinateur fût produite, mais Commodore n'apprécia pas que ce dernier ne soit associé qu'aux jeux, et qu'aux jeux uniquement. Ce n'est qu'à la fin qu'ils réalisèrent que la force de l'Amiga était d'être une plate-forme de jeux et ils y laissèrent enfin leur coeur et leur âme. Mais il était trop tard et ils n'avaient alors plus les fonds nécessaires pour que leur console devienne un succès. La CD32 était une vraie console et, comme l'avait voulu Jay Miner, elle pouvait se transformer en un ordinateur complet. D'ailleurs, plusieurs modules, développés par des tiers, allaient rendre cette transformation possible (comme le SX1 ou bien le SX-32). L'Amiga avait fini comme il avait commencé : une "simple" console de jeux.

Jay Miner mourrait d'une infection rénale le 20 juin 1994 (il vécut une majeure partie de sa vie avec des reins malades) et ce, moins de deux mois après la mort de Commodore.

Même si Commodore avait survécu, il aurait été peu probable que la CD32 ait pu être un succès sur le long terme. Au début de l'année 1994, la Playstation de Sony fût annoncé. Cette machine impressionna immédiatement et quand elle fût mise sur le marché en décembre 1994 au Japon, elle surclassa tout, mettant même fin à la domination de Nintendo et elle forcera plus tard Sega a quitté le marché des fabricants de consoles. Elle tua également la Jaguar d'Atari en 1996, qui fût la dernière console de jeu américaine, jusqu'à l'arrivée de Microsoft et de la XBox en 2001. Commodore aurait peut-être pu terminer et produire une console de jeu moins chère (la CD64) basée sur le nouveau jeu de composants appelé "Hombre" au début de l'année 1995, ce qui aurait peut-être pu les maintenir à flot... une tâche qui aurait toutefois été herculéenne !

La CD32 a tout de même eu une belle carrière et aurait pu avoir une année de commercialisation supplémentaire. Malheureusement, ce ne fût pas le cas... Mais il lui reste de bons jeux et elle a laissé de bons souvenirs, pour moi au moins.




Alors, je vous l'avais bien dit que c'était intéressant ^^

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/me pensait laisser son blog à l'abandon, puis la piqûre de rappel d'OVH pour le paiement du nom de domaine et les quelques messages d'encouragement sur Twitter m'auront fait changer d'avis ! ^^

Billet posté le 8 octobre 2014

mercredi 28 août 2013

[AMIGA] Redécouverte de l'Amiga CD32, LA console de C=



Ahlala ma bonne dame, si vous saviez comme on est bête quand on est jeune. J'étais l'heureux possesseur d'une CD32, la console de Commodore qui n'était qu'un clone d'Amiga 1200 avec un lecteur de CD et une puce en plus (la fameuse puce Akiko qui ne sert finalement pas à grand chose car pas utiliser dans les jeux mais elle sert à faire la conversion "chunky to planar" bien pratique pour les jeux en 3D "à la Doom") et d'une extension SX32 de chez DCE qui ajoutait de la mémoire, une sortie RGB et un port IDE (qui permettait de brancher un disque dur sur la machine !). Mais voilà, ne m'en servant pas ou trop peu, j'ai revendu ma CD32 et mon SX32 il y a quelques années et je n'ai conservé qu'une autre CD32 "spare" que je n'avais pas rallumée depuis. Mais voilà, profitant d'une petite-annonce sur AmigaImpact.org, j'ai acheté quelques jeux CD32 pour compléter ma petite collection et je suis finalement retombé dedans ! Du coup, j'écume les divers sites de ventes à la recherche de jeux et d'une hypothétique SX32 (mais vu les prix, on va oublier) et depuis deuxt mois, j'ai doublé ma collection de jeux. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, j'ai eu aussi quelques déconvenues que je vais vous narrer ici !

Avant de vous raconter mes aventures/exploits, refaisons un petit peu le point sur l'historique de cette console. Elle a été présentée le 16 juillet 1993 à Londres et a finalement été lancée le 15 septembre de la même année, uniquement en Europe et au Canada. En effet, le constructeur américain n'a pas pu vendre sa console dans son pays à cause d'un brevet... Elle était, selon Commodore, la première console 32 bits avec lecteur CD (mais c'était sans compter la FM Towns de Fujitsu sortie en 1991 au Japon). Comme je l'ai dit en introduction de ce billet, il s'agit en fait d'un Amiga 1200 recarrossé (on peut même adjoindre à cette console, un clavier et une souris de base !). Avec cette machine, C= a voulu pousser au maximum l'image de machine dédiée aux jeux vidéo qu'avait l'Amiga tout en visant les joueurs qui ne voulaient pas d'ordinateur. Vendue 2490 FF, la console 32 bits entrait de plein pied dans la guerre des consoles et C= se voyait déjà chatouillé Sega et Nintendo qui ne proposaient à l'époque que des consoles 16 bits et espérait conquérir 10% de part de marché. D'ailleurs, C= Angleterre se permit même de faire deux gros coups d'éclats niveau communication avec une publicité magazine et une publicité affichée devant le siège de Sega UK qui ne manquaient pas de piquants (voir ci-contre et ci-dessous) ! Il est intéressant de noter que les ventes de jeux CD32 ont dépassé en volume pour la fin d'année 1993 et l'année 1994 les ventes de jeux PC CD-Rom et même Mega-CD... Malheureusement, les comptes de C= étaient dans le rouge depuis plusieurs mois, et la CD32 qui devait les en sortir n'arriva pas à produire le miracle tant attendu. La fin de C= entraîna l'arrêt de la production de la console, et la fin des stocks précipita la chute de la CD32 qui ne se vendit qu'entre 100.000 et 320.000 exemplaires (le dernier chiffre étant un chiffre annoncé par C= au milieu de 1994 et qui s'avéra quelque peu exagéré). La console continua toutefois de vivoter avec quelques jeux sortis par la suite et connaîtra même les joies du Full Motion Video (FMV) qui lui permettait de lire les Video CD (ancêtre du Laser Disc et du DVD, notamment compatible avec le CDi de Philips) ou bien encore du SX32 (une version SX32-Pro apporta même un processeur 68030 à la console !).



Revenons maintenant à mon "retour" sur CD32. J'avais et j'ai toujours sur cette console une majorité de jeux originaux. Ayant reçu de nouveaux jeux, j'ai voulu les tester pour voir si les CDs fonctionnaient bien. Mais voilà, je n'avais plus de câble 3xRCA->Péritel pour pouvoir brancher ma console sur ma TV à tube... (eh oui, j'utilisais auparavant la sortie RGB de la SX32...). Du coup, j'ai commandé sur eBay un câble SVidéo+2xRCA->Péritel afin d'avoir un meilleur affichage que la sortie vidéo composite sur RCA en utilisant la sortie SVideo et en ayant le son sur la prise péritel. Mais voilà, ce que je ne savais pas, c'est qu'il fallait que la péritel de la TV en question accepte le SVideo, ce qui n'est évidemment pas le cas de ma TV à tube... De ce fait, l'affichage était nickel mais en noir et blanc. Après avoir enlevé mon quadrupleur de péritel, j'ai réussi à avoir de la couleur sur ma TV à tube mais avec des couleurs qui bavaient de partout... Grosse déception donc ! J'ai tout de même tenté de brancher ma CD32 sur ma Sony Bravia 46", un écran TFT donc. Et pareil, affichage en N&B sur la première prise péritel.... Mais, il y a un mais de taille, l'affichage est nickel sur la seconde péritel ! Propre, net et en couleurs ! Youhou ! Conseil : testez les diverses entrées péritel de votre TV afin de trouver celle qui est compatible SVideo (généralement, c'est la seconde).

Une fois que j'ai réussi à avoir un affichage nickel, j'ai bien évidemment joué ! Et un truc m'a très rapidement déstabilisé... En effet, je n'avais JAMAIS de musique dans les jeux même si je mettais l'option, alors que j'avais bien tous les autres effets sonores. Ça m'a frappé notamment avec "Brian The Lion" qui n'avait pas de musique ni dans l'intro/menu ni dans le jeu... J'ai voulu vérifié si la console savait lire un CD Audio via son lecteur intégré (si vous mettez un CD Audio dans la CD32, vous arrivez à un lecteur de CD Audio plutôt bien foutu, voir ci-contre), et là, c'est le drame ! Rien, que dalle, que pouic, pas de son ! Le CD se lance, tourne, on peut avancer dans les pistes et même changer de piste, mais pas de son ! Après avoir tout démonté, changé le lecteur CD (j'en avais un "vieux" qui déconnait un peu mais que j'avais gardé), inspecté la carte-mère, vérifié les condensateurs à la loupe et avoir tripoté/enfoncé toutes les nappes possibles, toujours rien... Je pense que la CD32 ira faire un tour chez ce bon vieux Cosmos mais j'ai déjà récupéré une autre CD32 qui ne devrait plus tarder d'arriver, en espérant que celle-ci me sorte le son de ces satanées pistes audio !

Je continue pour le moment ma quête de jeux CD32 et comme j'ai pas mal de jeux sans jaquette, j'ai commencé à regarder pour me les réimprimer. Il s'agit de jaquettes CD au format standard, ce qui ne pose pas de souci pour les imprimer. Le plus compliqué étant de retrouver des scans potables de celles-ci ! J'ai cherché et j'ai trouvé quelques sites sympathiques que vous trouverez en lien à la fin de ce billet. J'ai également trouvé des traces d'une initiative sympathique lancée par des fans de la CD32 sur le forum EAB : ils ont recréé un paquet de jaquettes pour les jeux qui n'en possédaient pas (certains jeux étaient vendus en grosse boîte cartonnée et n'avait de fait pas de jaquette au format CD), mais malheureusement, impossible de mettre la main sur l'archive contenant tout ce matériel hautement intéressant... Si quelqu'un a ça sous le coude, ça m'intéresse. J'ai également trouvé quelques sites intéressants sur la CD32, qui offrent des listings des jeux et autres informations. Reste plus maintenant qu'à attendre la sortie éventuelle de la PyRamIDE, une carte d'extension qui s'enfile dans la CD32 et qui est en développement chez DaFR34K (que quelqu'un se lance dans la création d'une carte apportant mémoire, lecteur de carte SD et sortie RGB pour que mon bonheur soit total (ou alors que je rechope une SX32... mais il va falloir que je dise adieu à un de mes reins à mon avis ^^).

La CD32 n'est pas la console qui a révolutionnée le monde vidéo-ludique à sa sortie, elle n'a même pas pu sortir Commodore de la panade financière malheureusement, mais elle permet d'avoir accès facilement à des grands jeux du monde Amiga sans se prendre la tête. Évidemment, elle n'est désormais plus très simple à trouver, elle se vend relativement chère mais il est arrivé que des packs tout neuf refassent surface et soit vendus à un prix "honnête". Après, je ne mettrais pas plus de 50 EUR dans une CD32 seule (c'est d'ailleurs le prix de ma dernière acquisition), et pour les jeux les prix varient entre 5 EUR pour les jeux facilement trouvables à plusieurs dizaines d'euros, voire une centaine, pour les raretés. Et après, si vous n'êtes pas trop regardant niveau "légalité", vous pouvez récupérer des compilations de jeux Amiga (des jeux qui ne sont d'ailleurs pas tous sortis sur CD32, mais sur 500 ou 1200) toutes prêtes embarquant une centaine de jeux à chaque fois (appelés CD100, CD200, CD350, CD444 et CD888, voir l'article qui a été consacré au CD200 sur Obligement)...


Et en conclusion de ce billet, voici la publicité française de l'Amiga CD32 datant de novembre 1993 !



Divers liens intéressants pour finir : 

Projet PyRamIDE de DaFR34K :
http://www.a1k.org/forum/showthread.php?t=32822 (carte d'extension qui mérite qu'on la suive de très près : mémoire, IDE, lecteur disquette et port horloge pour y mettre une carte USB par exemple !)


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/me attend un arrivage de nouveaux jeux et surtout une nouvelle CD32 (avec de nouveaux jeux également !). Youhou !

Billet posté le 28 août 2013